2] EXPLORATION
Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis l’attaque de Thot que Josyanne et Samy avaient expliqué aux autres en affirmant que c’était Samy qui avait ressenti cette attaque et l’avait appelé en renfort. Josyanne détestait le fait qu’un autre puisse endosser ses propres mérites mais il lui était malheureusement impossible. Cela la mettait en rage et son humeur se reportait sur Samy qui passait les journées dans les rues.
Au beau milieu d’une nuit, Antoine ne dormait pas et songeait à Thot. Si un Dieu Egyptien avait attaqué, les autres le feraient ils ? Certainement. Quand ? C’était impossible à le dire même pour Etoile. Où ? N’importe où dans leur monde ce qui signifait que n’importe qui pouvait être en danger.
Antoine se redressa subitement dans son lit rien qu’à imaginer son monde envahi de tous côtés par une centaine de Dieux Egyptiens. Son corps était couvert de sueur tandis que les battements de son cœur s’accèlerèrent.
Peu à peu, il se calma puis se rallongea dans son lit mais l’esprit toujours préoccupé par cette menace imminente et pesante qui planait au-dessus du monde réel telle une épée de damoclès.
Cependant il n’y avait que la menace des Dieux Egyptiens. Il se souvenait de la conversation qu’ils avaient eu avec Calumon. Il existait une force, une personne … qui avait éveillé de l’oubli des Dieux et les avaient modifié pour ensuite les obliger à attaquer les humains. Qui pouvait vouloir détester les humains à ce point ?
Malheureusement, il ne connaissait nullement la réponse. D’ailleurs si il la savait, il ne resterait pas allongé sur son lit mais se précipiterait pour le trouver et le combattre.
Soudain une idée lui traversa l’esprit: Calumon avait été enfermé dans les limbes du temps. Il ne savait pas vraiment ce que c’était mais il pouvait peut être y avoir des indices sur leur ennemi inconnu. Cependant il n’aimait pas l’idée de s’y rendre seul mais ne voulait pas prendre avec lui toute l’équipe.
Mentalement, il écarta tout de suite Standley, Absel et Rosellia car tous trois étaient souvent moins concentrés sur ce qui les entouraient. Il écarta également Ludivine et Michel car ils étaient sérieux et voulaient tout analyser. Etoile et Fox étaient de bons éléments mais il désira conserver Etoile ici car ses visions pouvaient être d’un grand secours. Concernant Fox, il aimait sa force mais le trouvait trop renfermé sur lui-même. William aurait été parfait mais il venait de se souvenir qu’il était en excursion scolaire pour deux semaines. Il secoua à la tête en songeant à Penny car elle était brave certes, mais elle était beaucoup trop fougeuse et imprévisible. Matthieu savait utiliser sa magie à merveille et pouvait être d’un grand secours mais il jugeait le garçon assez timoré dans certaines situations.
Ainsi il ne lui restait plus que Genius et Fostine. Pour Genius, c’était déjà entendu: il était son meilleur ami et ne le priverait d’une pareille aventure.
Pour Fostine, c’était différent. Il n’arrivait pas à supporter cette fille et ne pouvait pas s’imaginer de faire équipe avec elle. Néanmoins, il devait admettre qu’elle était vraiment très forte et savait comment se sortir d’une situation périlleuse mais il aurait préfèrait mourir plutôt que de l’avouer.
Alors il se redressa puis prit son téléphone cellulaire qui était posé sur sa table de chevet. Il composa alors le numéro de Genius. Il attendit plusieurs longues minutes avant d’entendre la voix ensommeillée de son ami:
_Qui c’est qui c’est ?
_Genius ! C’est moi, Antoine ! annonça Antoine en parlant bas.
_Ca t’arrive souvant d’appeler vers trois heures du matin ? fit la voix de Genius qui commençait à émerger.
_Parce que tu dors maintenant à cette heure là ? s’étonna Antoine oubliant de parler bas.
_Ben, mon père ne travaille pas ce soir donc il s’est occupé de moi et si je sors de mon lit, je suis mort ! répondit Genius d’un ton grognard.
_Bon, j’ai eu une idée. Tu te souviens de ce que Calumon a dit ? Alors j’ai envie d’explorer où il était, exposa Antoine.
_Tu veux dire … les limbes du temps ? fit Genius. Mais on ne sait pas ce que c’est.
_Justement cela pourrait s’avérer être utile, non ? dit Antoine.
_Peut être. Quand irions nous ? demanda Genius.
_Demain matin. On séchera les cours, décida Antoine.
_Si mon père le sait, il va me tuer, soupira Genius.
_Et si c’est ma mère, elle va me découper en petits morceaux, répliqua Antoine. A tout à l’heure, neuf heures au digimonde !
_Quel niveau ? interrogea Genius.
_Peu importe … euh le 4, répondit Antoine.
Son interlocuteur raccrocha ensuite puis Antoine décida d’appeler Fostine bien que cela l’effraya quelque peu. Il composa son numéro et celle ci lui répondit aussitôt:
_Google-boy ! Pourquoi m’appelles tu alors que je vais rentrer en classe. Il est treize heures au Japon ! s’exclama la voix de Fostine.
_Je peux parler ? fit Antoine en levant les yeux.
_Vas y, baka ! répondit Fostine.
_Ecoutes, Genius et moi comptons explorer l’endroit où était retenu Calumon, tu sais, les limbes du temps … Tu veux venir avec nous ? proposa Antoine.
Un silence suivit cette proposition. Au Japon, au lycée de Fostine, celle ci s’était arrêtée derrière un distributeur et réfléchissait à la proposition d’ Antoine. Pourquoi il l’avait appelé ? Il aurait pu rester seul avec Genius. A moins que … Elle secoua immédiatement la tête sans finir sa phrase mentale en s’interdisant de genre de pensées.
_Seuls nous trois ? fit Fostine en fronçant les sourcils. Pourquoi ?
_Eh bien, je ne veux pas mêler les autres à ça. On ne sait pas ce qu’il y a là bas et je ne veux pas emmener des personnes qui n’ont pas un mental assez fort, expliqua Antoine.
Derrière le distributeur, Fostine eut un grand sourire.
_Cela veut dire que tu apprécies mon état d’esprit ? fit Fostine.
_Eh bien, j’aime bien ta combativité mais je ne supporte pas ton ironie et quand tu cherches à m’ennuyer, répondit Antoine.
Mentalement, Antoine enrageait d’avoir lâché cela et éprouvait l’envie de se donner une bonne gifle. Après cela, cette peste allait s’amuser à l’ennuyer davantage.
Derrière le distributeur, le sourire de Fostine s’élargit un peu plus bien qu’elle tentait de bloquer ses pensées et décida de changer de sujet de conversation.
_Quand partons nous ? demanda Fostine.
_Ce matin, vers neuf heures. On se retrouve au niveau 4 du digimonde ! répondit Antoine.
_Neuf heures du matin ? Cela fait huit heures du soir ! rappella Fostine.
_Bon, à tout à l’heure ! dit Antoine.
Raccrochant brusquement, le jeune homme se laissa ensuite tomber lourdement sur son lit en songeant à sa conversation avec Fostine. Pourquoi cette fille avait soit le don de le mettre hors de lui soit celui de l’embarrasser ? Finalement il s’endormit.
A l’heure prévue, Antoine, Genius et Fostine se retrouvèrent au beau milieu du niveau 4, c’est à dire entourés par les arbres. Genius activa son D-star et rechercha la tour de passage puis conduisit ses amis dans une vaste clairière où au milieu tronait l’immense tour. Ils entrèrent rapidement dedans et Fostine composa le code digimon.
Ainsi ils commencèrent à descendre en chute libre puis se reçurent sur le sable chaud. En se relevant, ils aperçurent Egyptia et se précipitèrent vers la ville en reconstruction. Le mur de fortification avait été refaite mais à l’intérieur, il restait encore beaucoup de travail. Les boutiques et commerces avaient été toutes refaites mais les maisons étaient encore à l’état de ruine. Pour l’instant, les digimon rénovaient les différents temples endommagés.
Désolés par toute cette destruction, les trois Elus baissèrent la tête et se sentirent honteux car ils portaient tout de même une part de responsabilité dedans.
Ensuite ils se dirigèrent rapidement vers le palais où ils gagnèrent rapidement la salle où ils avaient délivré Calumon. Une fois sur place, les trois humains et les trois digimon unirent leurs efforts et déplacèrent la stèle. Alors ils découvrirent un immense vide noir.
_Alors on y va ? demanda Antoine.
_Tu as peur, google-boy ? se moqua Fostine.
_Allons y ! s’exclama Genius.
Ausitôt les Elus et les digimon plongèrent dans ce gouffre complètement obscur. Longtemps, ils chutèrent, chutèrent, chutèrent … puis ils s’arrêtèrent au milieu de nulle part. Ils étaient debout dans un espace complètement obscur.
_Qui a pensé à l’éclairage ? demanda Fostine.
A ce moment, leurs D-star s’illuminèrent et créèrent trois rayons de lumière, rouge, bleue et violet, qui finirent par se toucher en un même point. Alors le voile se déchira et révèla peu à peu une petite maison assez belle et modeste.
_Wah ! C’était caché dans cette obscurité ! s’exclama Genius sidéré.
_Explorons cette maison ! décida fostine fermement.
_Je suis d’accord, approuva Antoine.
Ainsi le petit groupe se dirigea d’un pas rapide en direction de la maison. En qualité de chef, Antoine ouvrit la porte d’entrée. Ils entrèrent par un petit couloir où ils commencèrent à y marcher et s’aperçurent que celui ci était le centre du rez-de-chaussé: les pièces étaient réparties autour de lui.
Ils prirent la première porte à droite qui les mena dans la cuisine. Celle ci était équipée d’une gazinière, d’une bonne dizaine de placards situés en hauteur et d’un évier entouré de longs plans de travail. Rapidement, Genius prit l’appareil-photo et photographia en détail la pièce.
Ensuite ils quittèrent la cuisine et entrèrent dans la première pièce sur la gauche: le salon. Il y avait une télévision en face d’un canapé bien moelleux. Derrière se trouvait une splendide cheminée en pierre. Partout sur les murs, on voyait des photos d’un petit garçon de ses premiers jours à ses neufs ans dans diverses occasions. Genius prit des protos de la pièces et s’occupa de prendre aussi de photographier chaque photo.
_J’espère que tu as une bonne batterie, fit Fostine.
_Ouais, mon père l’a fait modifié par des gars du labo ! A présent, il peut enregistrer presque mille photos ! s’exclama Genius.
_Bon, continuons ! s’exclama Antoine.
Les Elus quittèrent ensuite le salon et marchèrent quelques pas avant de pénétrer par la seconde porte à droite où ils découvrirent une salle à manger. Celle ci avait pour seuls meubles, un grand buffet en bois et une table de six personnes. Sur le buffet, ils remarquèrent une photo dans un cadre. Celle ci représentait un enfant de cinq ans, celui des photos du salon. A nouveau, Genius photographia chaque détail.
_C’est quand même bizarre, fit Agumon, le nez en l’air.
_Quoi ? Tu ne sens pas de nourriture ? rigola Kotemon.
_Non, je ne sens pas d’odeur d’humain ou de digimon. On dirait que les seuls qui sont venus ici soient nous, révèla Agumon.
_Mais un petit garçon devait vivre ici pourtant, objecta Fostine.
_Jusqu’à neuf ans. Je me demande pourquoi on ne voit pas d’autres photos de lui après ses neuf ans, songea Genius à haute voix.
_Continuons l’exploration, dit Antoine pensif.
Ainsi ils quittèrent la salle à manger, retournant dans le couloir et poussèrent la dernière porte, celle de gauche. Derrière, ils découvrirent un escalier et sans hésiter, ils montèrent jusqu’à l’étage suivant.
En haut, il y avait à nouveau un couloir autour duquel se répartissaieent les pièces. Ils avancèrent donc puis entrèrent par la première porte de gauche mais constatèrent qu’il ne s’agissait que d’une pièce complètement vide, les murs étaient blancs. Par acquit de conscience, Genius prit tout de même une ou deux photos.
_Pourquoi cette pièce est vide ? demanda Antoine. C’et pas logique !
_Oui, elles sont toutes meublées mais pas celles ci, ajouta Fostine pensive.
Plongés dans leurs réflexions, les trois Elus quittèrent la pièce puis avancèrent à nouveau dans le couloir jusqu’à la seconde porte à gauche qui les mena à une salle de bain. Celle ci était d’une taille moyenne avec une baignoire équipée d’une douche, d’un lavabo, des toilettes, une machine à laver et un panier de linge sale qui débordait. Alors qu’ Antoine et Fostine regardaient la pièce, Genius prit des clichés. Ensuite ils quittèrent la pièce et allèrent dans celle juste en face. Il s’agissait d’une sorte de bureau. Dans un coin se trouvait un bureau avec des tas de papiers et un ordinateur tandis que dans un autre coin se dressait une splendide bibliothèque où ne manquait aucun classique.
_Après ça, je peux être journaliste photographe ! s’exclama Genius en prenant une photo.
_Je me demande quel genre de personnes pouvait vivre ici, dit Antoine.
_Cela me semble être une famille normale, répondit Fostine.
A nouveau, ils quittèrent la pièce et remontèrent le couloir pour explorer la dernière pièce, la première à droite bien que dans leur sens, elle devenait la seconde à gauche.
A l’intérieur, ils comprirent que c’était la chambre de l’enfant. En dehors de quelques jouets et habits qui trainaient sur le sol, elle était plutôt bien tenue. Il y avait un petit lit, une grande armoire où était rangée des couvertures, des habits et des jeux, un coffre à jouets et un petit bureau où était posé des livres et des cahiers pour la classe.
Fostine prit un des livres et l’ouvrit. D’abord elle s’aperçut que le nom et prénom de l’enfant avaient été effacé mais l’année scolaire demeurait. Lorsqu’elle l’eut lu, elle crut rêver.
_Année scolaire 2000 / 2001, classe de CM1 ! dit Fostine effarée.
_Attends, tu veux dire que cette maison serait vieille de trente ans ? s’étonna Genius.
_Si c’était la maison d’enfance de Mickael ? supposa Antoine.
_Non. Souviens toi, ses parents l’ont fait travaillé dès ses six ans pour qu’il soit encore plus intelligent. Il n’avait plus de jeu, rappella Genius.
_Or, il y a beaucoup de jeux dans cette chambre, ajouta Fostine.
_Alors qui est ce ? demanda Antoine en fronçant les sourcils.
_En analysant les photos, je crois que nous pourrons identifier le garçon, dit Genius.
_Lulu et son père seront parfaits pour cela, approuva Fostine.
_Eh bien, photographies tout ce qui se trouve dans cette chambre ! Je veux avoir le moindre objet ! ordonna Antoine. Cet enfant est un lien, j’en suis sur.
Genius se mit donc au travail tandis que Fostine et Antoine continuaient à explorer la chambre, à quatre pattes, à la recherche du moindre indice. Soudain ils sentirent de grandes secousses qui agitaient la maison. Alors que Genius prenait encore une photo, Antoine et Fostine se précipitèrent vers la fenêtre pour apercevoir un Phoenixmon qui attaquait la maison. Celle ci commençait déjà à brûler à quelques endroits.
_Il faut sauter ! cria Fostine.